!["Cette farde, c’est toute l’histoire et la vie difficile de Noé". Epais classeur entre les mains, Sylvie plante très vite le décor. Ses doigts parcourent rapidement des centaines de pages : factures d’hôpitaux, ordonnances de médicaments, rapports d’ambulances.<br /><br />Les méandres des services psychiatriques, son fils Noé les a explorées jusqu’au moindre recoin. Le combat aura duré six ans, pour s’achever de manière brutale. A dix-neuf ans, il finit par mettre fin à ses jours, le 5 juin 2024.<br /><br />Quelques mois plus tard, Sylvie en est convaincue : l’issue aurait pu être différente si le système de santé avait pu l’aider.<br /><br />Des années de combat<br /><br />"Les problèmes ont commencé vers l’âge de douze ans […] Noé souffrait d’anxiété sociale, de dépression, il se scarifiait régulièrement" raconte sa maman. "J’ai crié 'au secours', 'aidez-moi', mais, chaque fois, on me disait 'il n’y a pas de place, ressonnez dans une semaine'. Et les jours de la semaine sont tellement longs… Pourquoi n’y a-t-il pas de place pour les jeunes qui souffrent dans cette société ?"<br /><br />Durant ces six années de parcours du combattant, Sylvie a frappé à toutes les portes. Elle a contacté de nombreux psychiatres, a tenté à plusieurs reprises de faire prendre en charge son fils en institution psychiatrique, et a multiplié les passages aux urgences. Mais rien ne s’est avéré concluant.<br /><br />Dans la lourde farde, symbole du poids de cette lutte difficile, Sylvie nous montre une lettre qu’elle a adressée aux ministres de la Santé et de l’Education.<br /><br />Nous avons été perdus dans cette jungle interminable, balancés de rendez-vous en rendez-vous, où aucune place n’est disponible, où tous sont sur des listes d’attente. Délai : 5, 6 mois. Jusqu’à l’impensable. Mon fils ne voulait plus vivre. Il s’est soigné lui-même pour arrêter ce qui le rongeait depuis des années".<br /><br />Comment peut-on en arriver là ? Le système est-il vraiment en train de dérailler ?<br /><br />Des médecins "à l’abandon"<br />Au cours de notre enquête, nous avons contacté l’un des anciens pédopsychiatres de Noé. Il remet, lui aussi, en question l’aide proposée aux jeunes en souffrance. "On ne peut pas admettre qu’un jeune finisse comme cela. C’est inacceptable" déclare Jérôme Cauchies, pédopsychiatre à Mons.<br /><br />"Nous, les psys, on ne doit pas fuir" ajoute-t-il. "On pourrait vouloir cacher mais non ! Il faut que l’on se rende compte des conséquences de nos actes… Ou de ce qu’on ne fait pas".<br /><br />Pour lui, il est clair que le système dysfonctionne. "En tant que pédopsychiatre, je me sens un peu abandonné. Cela fait trois mois que je refuse tout nouveau patient parce que mon agenda est complètement plein à craquer. Je n’ai plus la possibilité de proposer quoi que ce soit".<br /><br />Jérôme Cauchies remet également en question la qualité des soins proposés en institution psychiatrique. "Cela peut paraître un peu sévère, mais je dirais que huit patients sur dix ne sont pas contents de leur hospitalisation".<br /><br />Huit patients sur dix ne sont pas contents<br /><br />"Quand j’étais en formation en psychiatrie, le chef de service nous avait dit qu’on devait absolument voir chaque patient au moins trois fois par semaine. Aujourd’hui, j’entends parfois des jeunes qui ont à peine été vus une fois par le pédopsychiatre sur plusieurs semaines voire plusieurs mois, sans que cela n’ait posé de problème à personne" dénonce-t-il.<br /><br />Pas tous logés à la même enseigne<br /><br />Il faut dire que la répartition des hôpitaux psychiatriques est pour le moins inégale sur le territoire belge. Nous avons analysé les données du SPF Santé Publique. Sur les 118 hôpitaux ou services psychiatriques que compte le pays, plus de la moitié se situent en Flandre. En Wallonie, il n’y en a que 37. A Bruxelles, 17.<br /><br />0:00 : Jeunes en détresse psychologique : l'urgence silencieuse | #Investigation<br /><br />----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- <br /><br />🔎 Envie d'en savoir plus ? <br /><br />"Si le système l'avait aidé, il serait toujours là"<br />► https://www.rtbf.be/article/si-le-systeme-l-avait-aide-il-serait-toujours-la-investigation-enquete-sur-les-failles-de-l-aide-psychologique-aux-jeunes-11497043<br /><br />Des sites internet vendent de la drogue en toute impunité à des jeunes en détresse<br />► https://www.rtbf.be/article/investigation-revele-comment-des-sites-internet-vendent-de-la-drogue-en-toute-impunite-a-des-jeunes-en-detresse-11497442<br /><br />----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- <br /><br />📌 Retrouvez aussi #Investigation sur : <br /><br />Le site RTBF Info ► https://www.rtbf.be/emission/investigation<br /><br />Auvio ►https://auvio.rtbf.be/emission/investigation-16281<br /><br />Facebook ► https://www.facebook.com/investigationRTBF<br /><br />----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- <br /><br />© RTBF 2025<br /><br />#jeunes #jeunesse #détresse #psychologie #psychiatrie #rtbf #investigation](https://currentnews.live/wp-content/plugins/youtube-feed-pro/img/placeholder.png)
Jeunes en détresse psychologique : l'urgence silencieuse | #Investigation
“Cette farde, c’est toute l’histoire et la vie difficile de Noé”. Epais classeur entre les mains, Sylvie plante très vite le décor. Ses doigts parcourent rapidement des centaines de pages : factures d’hôpitaux, ordonnances de médicaments, rapports d’ambulances.
Les méandres des services psychiatriques, son fils Noé les a explorées jusqu’au moindre recoin. Le combat aura duré six ans, pour s’achever de manière brutale. A dix-neuf ans, il finit par mettre fin à ses jours, le 5 juin 2024.
Quelques mois plus tard, Sylvie en est convaincue : l’issue aurait pu être différente si le système de santé avait pu l’aider.
Des années de combat
“Les problèmes ont commencé vers l’âge de douze ans […] Noé souffrait d’anxiété sociale, de dépression, il se scarifiait régulièrement” raconte sa maman. “J’ai crié ‘au secours’, ‘aidez-moi’, mais, chaque fois, on me disait ‘il n’y a pas de place, ressonnez dans une semaine’. Et les jours de la semaine sont tellement longs… Pourquoi n’y a-t-il pas de place pour les jeunes qui souffrent dans cette société ?”
Durant ces six années de parcours du combattant, Sylvie a frappé à toutes les portes. Elle a contacté de nombreux psychiatres, a tenté à plusieurs reprises de faire prendre en charge son fils en institution psychiatrique, et a multiplié les passages aux urgences. Mais rien ne s’est avéré concluant.
Dans la lourde farde, symbole du poids de cette lutte difficile, Sylvie nous montre une lettre qu’elle a adressée aux ministres de la Santé et de l’Education.
Nous avons été perdus dans cette jungle interminable, balancés de rendez-vous en rendez-vous, où aucune place n’est disponible, où tous sont sur des listes d’attente. Délai : 5, 6 mois. Jusqu’à l’impensable. Mon fils ne voulait plus vivre. Il s’est soigné lui-même pour arrêter ce qui le rongeait depuis des années”.
Comment peut-on en arriver là ? Le système est-il vraiment en train de dérailler ?
Des médecins “à l’abandon”
Au cours de notre enquête, nous avons contacté l’un des anciens pédopsychiatres de Noé. Il remet, lui aussi, en question l’aide proposée aux jeunes en souffrance. “On ne peut pas admettre qu’un jeune finisse comme cela. C’est inacceptable” déclare Jérôme Cauchies, pédopsychiatre à Mons.
“Nous, les psys, on ne doit pas fuir” ajoute-t-il. “On pourrait vouloir cacher mais non ! Il faut que l’on se rende compte des conséquences de nos actes… Ou de ce qu’on ne fait pas”.
Pour lui, il est clair que le système dysfonctionne. “En tant que pédopsychiatre, je me sens un peu abandonné. Cela fait trois mois que je refuse tout nouveau patient parce que mon agenda est complètement plein à craquer. Je n’ai plus la possibilité de proposer quoi que ce soit”.
Jérôme Cauchies remet également en question la qualité des soins proposés en institution psychiatrique. “Cela peut paraître un peu sévère, mais je dirais que huit patients sur dix ne sont pas contents de leur hospitalisation”.
Huit patients sur dix ne sont pas contents
“Quand j’étais en formation en psychiatrie, le chef de service nous avait dit qu’on devait absolument voir chaque patient au moins trois fois par semaine. Aujourd’hui, j’entends parfois des jeunes qui ont à peine été vus une fois par le pédopsychiatre sur plusieurs semaines voire plusieurs mois, sans que cela n’ait posé de problème à personne” dénonce-t-il.
Pas tous logés à la même enseigne
Il faut dire que la répartition des hôpitaux psychiatriques est pour le moins inégale sur le territoire belge. Nous avons analysé les données du SPF Santé Publique. Sur les 118 hôpitaux ou services psychiatriques que compte le pays, plus de la moitié se situent en Flandre. En Wallonie, il n’y en a que 37. A Bruxelles, 17.
0:00 : Jeunes en détresse psychologique : l’urgence silencieuse | #Investigation
———————————————————————————————————————–
🔎 Envie d’en savoir plus ?
“Si le système l’avait aidé, il serait toujours là”
► https://www.rtbf.be/article/si-le-systeme-l-avait-aide-il-serait-toujours-la-investigation-enquete-sur-les-failles-de-l-aide-psychologique-aux-jeunes-11497043
Des sites internet vendent de la drogue en toute impunité à des jeunes en détresse
► https://www.rtbf.be/article/investigation-revele-comment-des-sites-internet-vendent-de-la-drogue-en-toute-impunite-a-des-jeunes-en-detresse-11497442
———————————————————————————————————————–
📌 Retrouvez aussi #Investigation sur :
Le site RTBF Info ► https://www.rtbf.be/emission/investigation
Auvio ►https://auvio.rtbf.be/emission/investigation-16281
Facebook ► https://www.facebook.com/investigationRTBF
———————————————————————————————————————–
© RTBF 2025
#jeunes #jeunesse #détresse #psychologie #psychiatrie #rtbf #investigation
