LPG : carburant du passé ou solution économique de transition ? - On n'est pas des Pigeons
Malgré un prix à la pompe imbattable, le LPG reste un carburant méconnu. Il peut sembler dépassé, pourtant, les ventes de véhicules roulant au LPG, si elles sont limitées, restent stables. Leader de ce marché, Dacia continue de miser sur une motorisation essence/LPG. Un pari étonnant en 2024.
Peut-être n’y faites-vous jamais attention lors de vos passages à la pompe. Pourtant, le tarif du LPG a de quoi surprendre. 0,65 euro le litre. Qui dit mieux ? Certainement pas le CNG qui a vu son prix flamber. Si l’on observe les statistiques du SPF économie, le LPG se révèle deux fois moins cher que l’essence, analyse Jonas Moerman, Conseiller énergie chez Ecoconso.
Et ce, malgré une consommation légèrement supérieure avec le LPG.
Pourtant, malgré un tarif plus qu’attractif grâce à une absence d’accises, ce carburant reste méconnu du grand public. Issu de la distillation du pétrole, le LPG ou GPL (gaz de pétrole liquéfié) est un sous-produit pétrolier. Il se distingue donc du CNG qui est un gaz naturel. Tous les deux sont des énergies fossiles.
Des images d’incendies spectaculaires, des installations bricolées au siècle dernier, ont terni son image. Des craintes désormais infondées, rassure Emmanuel Cecille, Conseiller énergie et environnement à la Fédération belge des Négociants en Combustibles et Carburants (Brafco) : “Il y a des systèmes de sécurité aux normes depuis plusieurs années, comme des soupapes de sécurité, qui permettent de sécuriser le véhicule. Les véhicules LPG actuels sont ainsi tout aussi sûrs que ceux fonctionnant à l’essence ou au diesel.” Ces dispositifs de sécurité, installés en usine, garantissent une utilisation sécurisée. Pourtant, le LPG est toujours refoulé des parkings souterrains ou fermés. La loi n’y interdit pas l’accès, moyennant les adaptations nécessaires, mais dans les faits, l’interdiction est toujours bien réelle.
Le calcul coût bénéfice ne penche pas en faveur du LPG, justifie Roland Cracco, Président de la Fédération belge du stationnement. Si le CNG est plus léger que l’air, le LPG est quant à lui plus lourd. Il pourrait donc s’accumuler au niveau sol en cas de fuite. “Les systèmes de détections de gaz ne sont pas conçus pour détecter le GPL. Il faudrait placer des détecteurs supplémentaires, dédoubler tout le système de sécurité. Ça n’a pas beaucoup de sens pour un nombre très très limité de véhicules. Aujourd’hui, le gros effort, c’est l’électrification.”
Si l’on peut comprendre que les sociétés de parkings privées privilégient les investissements pour les voitures électriques, l’interdiction du LPG peut constituer un frein pour les acheteurs potentiels.
D’autres inconvénients ont disparu, comme la volumineuse taille de l’installation, qui occupait une grande partie du coffre. Elle se loge aujourd’hui dans l’espace réservé à la roue de secours.
Les véhicules au LPG ne sont jamais devenus très populaires, mais n’ont pas disparu pour autant. “Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il y a bien plus de voitures roulant au LPG qu’au CNG, et également bien plus de stations proposant ce carburant,” explique Jonas Moerman. Le marché est limité, mais stable, confirme Emmanuel Cecille.
C’est modeste, mais plus important que le CNG. “Le CNG, autre alternative fossile, a vu son usage drastiquement chuter depuis la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, rendant le LPG plus compétitif en termes de prix.”
Dans un contexte où les constructeurs automobiles ne jurent que par l’électrique, Dacia fait figure d’exception en continuant de miser sur le LPG avec sa motorisation Eco-G de 100 chevaux proposée sur Sandero, Jogger et Duster. Alors que rouler au LPG représente en général un surcoût, pour équiper le véhicule, le Duster, modèle phare de la marque, est équipé en usine. Le moteur est donc conçu pour fonctionner au LPG, et le réservoir occupe la place de la roue de secours.
Plus étonnant, la bicarburation essence/LPG coûte moins cher que l’essence. Et si l’on compare avec l’hybride, la différence est notable : environ 5200 € de moins, ce qui représente un argument de poids pour les consommateurs.
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